8. L’éponge sèche et esseulée.

L’éponge est âgée. Une longue vie derrière elle, à nettoyer tables et carreaux. Passé de mains en mains sans réelles attaches, la vie a coulé trop vite en dehors de sa mousse. La voilà ridée, trouée de part en part comme un vieux gruyère. Son cœur est devenu amer et plus une goutte d’espoir ne brise la sécheresse de son âme.

Elle a aimé… Tant aimé ! Mais le temps l’a séparé de sa serpillère affective. Elle est ainsi, posée sur une table en bois où la poussière s’accumule, seule. Y-a-t-il quelqu’un pour l’entendre ? Pour lui parler ? Quelqu’un qui aurait besoin d’elle ?

Elle a peur car jamais plus la salle ne s’illumine des lumières des hommes, jamais plus elle n’entend le rire des enfants. Autour d’elle, il n’y a plus qu’un paquet de souvenir… Tiens, j’ai essuyée cette assiette un jour ! Et ce robinet, je l’ai fait briller. Ah, et toi, petite commode, tu m’as donné du fil à retordre !

Aujourd’hui, que reste-il de cette pauvre éponge ? Elle, qui a tant vu et tant écouté. Solitaire jusqu’à la fin ?

S’il vous plait, entendez ses appels à l’aide !

Vous verrez qu’elle n’a besoin que de vous pour briller de son plus beau jaune.